La diffusion d’actions de prévention à l’échelle des populations requière une évaluation préalable de la compréhension des messages par les populations cibles, de l’acceptabilité des mesures à mettre en œuvre, de l’efficacité des actions à l’échelle individuelle, de leur impact populationnel, et de leur efficience. Les actions peuvent être menées à l’échelle individuelle (conseils hygiéno-diététiques personnalisés, administration d’un traitement médicamenteux de prévention…), ou à l’échelle populationnelle (campagne menée dans les media…). Lorsque l’action est menée à l’échelle individuelle, les méthodes d’évaluation s’apparentent aux méthodes développées pour l’évaluation des médicaments, dans le cadre d’essais comparatifs, randomisés, avec aveugle, lorsque ce dernier est possible. Lorsque l’action de prévention est menée à l’échelle populationnelle, la randomisation est rarement possible, et le groupe de comparaison souvent difficile à identifier. Des méthodes d’évaluation qualifiées de « quasi-expérimentales » sont alors développées, reposant sur des comparaisons avant–après, idéalement menées dans un territoire bénéficiant de l’action de prévention et comparées à l’évolution naturelle de la maladie dans un territoire n’en bénéficiant pas. La notion de prévention est inhérente à la notion de facteur de risque de maladie. Lorsque le risque relatif de maladie des sujets exposés comparativement aux sujets non exposés est important, une action de prévention efficace entraînera une réduction conséquente du risque de maladie à l’échelle individuelle. À l’échelle populationnelle, l’impact d’un facteur de risque dépendra certes de la valeur du risque relatif de maladie, mais surtout de sa fréquence dans la population. Risque relatif et prévalence du facteur de risque permettent ainsi de définir le risque de maladie attribuable au facteur de risque en population, et d’en déduire le nombre de cas de maladies qui pourraient être évités si le facteur de risque était contrôlé. Nous verrons ainsi durant l’exposé que les stratégies et priorités individuelles et collectives de prévention ne sont pas toujours superposables, mais sont souvent complémentaires. Enfin, l’évaluation d’une action de prévention ne saurait être complète sans l’appréciation de son impact médico-économique. Au-delà des simples études de coût, les approches coût-efficacité et coût-bénéfice prennent ici tout leur sens. L’interprétation de ces indicateurs médico-économiques est étroitement dépendante de l’organisation du système de santé et du niveau économique du pays dans lequel l’action de prévention sera déployée.